LE COURAGE DE GAGNER

Le texte qui suit a Ă©tĂ© Ă©crit entre juin et juillet 2019. Je ne l’ai pas publiĂ© car je voulais voir oĂč irait ces « initiatives de la sociĂ©tĂ© civiles ». L’Ă©lection ayant remis en selle les vieilles badernes usĂ©es du rĂ©gime Bouteflika passĂ©es Ă  la machine Ă  laver des « initiatives de la sociĂ©tĂ© civiles », je le mets donc en ligne avec une rĂ©elle colĂšre car ces « initiatives de dialogue » ont fait perdre un temps prĂ©cieux au mouvement qui traverse le pays.
Il est un projet politique global ainsi qu’une analyse de la situation comme elle se prĂ©sentait au dĂ©but de l’Ă©tĂ©. J’avais demandĂ© des relectures qui hĂ©las ne sont jamais venues.
Il est temps de passer Ă  une nouvelle Ă©tape et cette Ă©tape n’est pas de dĂ©lĂ©guer quoi que ce soit Ă  de vieilles badernes usĂ©es sur le retour. Voici le temps de la jeunesse, des discussions politiques et de la revanche de notre sociĂ©tĂ© sur sa propre histoire. Le moment oĂč enfin nous pourrons envoyer aux oubliettes ce rĂ©gime usĂ© jusqu’au trognon ainsi que les « opposants » sans envergure ni ambition pour ce pays, usĂ©s par la vie, par le rĂ©gimes ou par trop de compromissions Ă  moins que ce ne soit un panachĂ© des trois, qu’importe.
Voici venu le temps de nous, et au milieu de nous, le temps de cette fantastique jeunesse qui brave ce pouvoir depuis des mois au pĂ©ril de sa libertĂ©. Elle est notre hĂ©ros, elle est notre beautĂ© et c’est pour elle, et c’est par elle que tout dĂ©sormais doit passer.
Ce site vous est ouvert pour toute publication, comme je l’ai toujours proposĂ© Vous pouvez y Ă©changer textes, photographies, informations, appels. Ecrivez Ă  cette adresse

Il faut un temps pour tout, et le mouvement populaire dĂ©mocratique qui traverse le pays depuis le 22 fĂ©vrier 2019 obĂ©it Ă  cette rĂšgle. Il y aura des hauts, il y aura des bas, mais ce mouvement triomphera. Tel a Ă©tĂ© le moto de Nedjma depuis l’étĂ© 2018 quand, aprĂšs « l’affaire de la cocaĂŻne », j’ai dĂ©cidĂ© de faire revivre ce site et de le tenir prĂȘt tant me semblait Ă©vident que le systĂšme jusqu’ici soudĂ© par le partage de la rente commençait Ă  montrer des fissures consĂ©cutives Ă  la chute du prix du pĂ©trole.

Son incapacitĂ© Ă  se dĂ©cider pour un autre candidat qu’un homme rendu grabataire et incapable d’assumer ses fonctions officielles rĂ©vĂ©lait jusqu’à l’absurde la situation dans laquelle se dĂ©battait ce groupe de prĂ©dateurs et de dĂ©cideurs qui de pĂšres en fils et de copains en coquins se partageaient le pouvoir jalousement, ouvertement ou dans l’ombre, depuis le coup d’état de l’étĂ© 1962.

Une année de transition, déjà

AprĂšs l’affaire du port de Wahran et ses 701 kilos de cocaĂŻne, il y a eu ces arrestations de barons de l’économie bananiĂšre des annĂ©es Bouteflika dont un seul surnom rĂ©sume Ă  lui seul l’abĂźme dans laquelle nous a plongĂ© cette caste vulgaire et corrompue. « Le boucher ».

Mi-promoteur, mi-importateur, quel surnom pour un homme qui avait ses entrĂ©es dans les allĂ©es du pouvoir…

Il y a eu des arrestations de 5 gĂ©nĂ©raux, et puis leur libĂ©ration, preuve ultime d’un dĂ©chirement dans les hautes sphĂšres du pouvoir rĂ©el. Une guerre sans merci Ă©tait dĂ©sormais ouverte.

Il y a eu le cholĂ©ra. LĂ , le peuple a eu la rĂ©vĂ©lation que, malgrĂ© ses 1000 milliards de dollars de recettes du pĂ©trole, l’AlgĂ©rie se dĂ©battait encore dans les maladies d’un autre Ăąge, le systĂšme d’évacuation des eaux usĂ©es n’ayant pas Ă©tĂ© modernisĂ© et surtout l’hygiĂšne la plus Ă©lĂ©mentaire n’étant pas respectĂ©e.

Et puis, comment ne pas oublier cet Ă©pisode de la crue de l’oued Ă  Qsantina, emportant voitures, hommes et maisons sur son passage…

En quelques mois, la fin de ce quatriĂšme mandat a commencĂ© Ă  ressembler au crĂ©puscule glauque d’une Ăšre qui ne voudrait pas s’achever et s’accrocherait jusqu’au dernier moment Ă  la branche pourrie de sa prĂ©dation et son aviditĂ©.

Mais Ă  peine ces Ă©pisodes estivaux Ă©taient ils achevĂ©s, les voilĂ  qui se sont entredĂ©chirĂ©s au point de cadenasser l’AssemblĂ©e Populaire Nationale, abrogeant de fait la chose qu’ils appelaient malgrĂ© tous les triturages au fil des ans, « la constitution ». Car cadenasser une assemblĂ©e pour en interdire l’accĂšs Ă  son prĂ©sident Ă©lu dans les rĂšgles bien que sur requĂȘte du pouvoir, et quand bien mĂȘme ce prĂ©sident de l’assemblĂ©e est un crĂ©tin fini et un abruti analphabĂšte, c’est, de fait, anticonstitutionnel.

Le rĂ©gime s’est dĂ©composĂ© sous nos yeux en quelques mois, rĂ©vĂ©lant ses guerres intestines et surtout cette constante, dans chaque composante des diffĂ©rents clans qui le composent, Ă  exclure le peuple infantilisĂ© de toute discussion et de toute dĂ©cision.

Cette mafia qui depuis des dĂ©cennies tire les ficelles prĂ©fĂ©rait encore couler le pays que d’en remettre les clĂ©s au peuple.

Le peuple, elle ne l’aime que comme un faire valoir aux discours prononcĂ©s lors des commĂ©morations qui lĂ©gitiment l’exclusivitĂ© de son pouvoir. Le peuple rĂ©el, elle le mĂ©prise.

L’hiver 2018 a donc Ă©tĂ© l’hiver de la honte. Alors que le pouvoir, coalisĂ© malgrĂ© ses guerres intestines, emprisonnait les timides opposants au 5Ăšme mandat, les algĂ©riens prenaient la mesure des crises Ă  venir et de la crise dĂ©jĂ  lĂ  au rythme effrĂ©nĂ© de la planche Ă  billet de Ahmed Ouyahya.

En fond, les corps avalĂ©s par la mer de nos enfants tentant de s’évader de cet enfer nous rappelaient Ă  une honte sourde et ravalĂ©e au fond de nous. Une colĂšre que personne ne voulait exprimer tant cette colĂšre contenait de refoulĂ© venu d’une autre guerre, cette sale guerre des annĂ©es 90, une guerre dont les historiens auront Ă  faire l’étude dans une perspective de temps long quand notre pays se sera libĂ©rĂ© de la caste prĂ©datrice qui le bride et qui en fut et responsable et coupable.

La déferlante populaire

La dĂ©ferlante qui a traversĂ© l’AlgĂ©rie Ă  partir de fĂ©vrier est certainement le plus beau cadeau que ce pays se soit offert Ă  lui-mĂȘme. En octobre 2018 (lien), rappelez-vous, Nedjma rĂȘvait trĂšs fort dans cet article refondateur du site, il la souhaitait, il nous en espĂ©rait le courage dans ce qui restera pour ce site le plus beau geste d’amour qu’il lui soit jamais venu pour notre pays et pour notre peuple. Que vous le relisiez aujourd’hui et vous verrez que tout y Ă©tait, Ă  commencer par la beautĂ© profonde, la gĂ©nĂ©rositĂ© profonde de cette jeunesse qui depuis fĂ©vrier fait notre fiertĂ© avec toujours au fond cette idĂ©e que je ne cesserai de marteler. Il y aura des hauts, il y aura des bas, mais ça ira.

Aujourd’hui, nous sommes dans un de ces bas. Rappelez-vous, en janvier, quand nous nous croyions tous au fond de tout, comment nous sommes parvenus à faire tout ce que nous sommes parvenus à faire.

D’ailleurs j’avais Ă©crit ce texte en avril (lien), oĂč je voyais poindre la situation oĂč nous sommes. Une situation bien ordinaire en politique et dans l’histoire Ă©galement. Ils ne lĂącheront pas facilement.

Le face Ă  face avec Ahmed GaĂŻd Salah Ă©tait inĂ©luctable pour la simple raison que la dĂ©mocratie est le pouvoir du peuple, et qu’il reprĂ©sente le pouvoir tel qu’il s’est mis en place depuis le coup d’état de l’armĂ©e des frontiĂšres en 1962. C’est aussi simple que cela, et ce face Ă  face est la rĂ©alitĂ© de la situation. La guĂ©guerre entre GaĂŻd Salah et Nezzar ne nous concerne pas, elle n’est qu’un des sempiternelles jeux du pouvoir, un peu comme quand dans les annĂ©es 90 les mĂȘmes clowns criminels rĂ©glaient leurs comptes sur notre dos Ă  coup d’islamistes et d’éradicateurs quand en rĂ©alitĂ© dans le peuple cette division Ă©tait irrĂ©elle et ne traduisait pas l’aspiration profonde Ă  un simple retour Ă  la paix.

Nous n’avons pas d’autre choix que de nous affirmer en peuple souverain et nous devons ĂȘtre suffisamment forts pour rĂ©duire GaĂŻd Salah Ă  la simple fonction qui est la sienne. Un militaire en charge de la dĂ©fense des frontiĂšres.

Nous devrions en rĂ©alitĂ© Ă©crire des chansons avec ses discours politiques illĂ©gitimes, nous devrions nous moquer de lui, le ridiculiser, car ses prises de parole n’ont aucune lĂ©gitimitĂ© et ne valent pas plus que des chansons d’ivrognes qu’on peut entendre sortir des gargotes dans des quartiers malfamĂ©s. Ahmed GaĂŻd Salah n’a aucune lĂ©gitimitĂ© pour parler de politique.

Il aurait pu faciliter la transition en ne se mĂȘlant pas de politique mais visiblement il a choisit une autre route. Grand bien lui en fasse, de toute façon, quand nous aurons le pouvoir, il sera jugĂ© avec tous les autres, ceux qu’il a fait arrĂȘter et que pour ma part je ne plaindrai pas, la plupart se sont bien baffrĂ©s, ainsi que tous les membres de son clan et ses salopards de fils qui, malgrĂ© des affaires parfois glauques, continuent Ă  prospĂ©rer Ă  l’ombre de leur protecteur.

La différence est que, bien sûr, il aura droit à un avocat et que nous veillerons à lui éviter le lynchage médiatique dont il abreuve ses ennemis par chaßne de télévision offshore interposée.

Pas une seconde nous ne devons douter de notre victoire. Pas une seconde nous ne devons douter qu’au sein mĂȘme de l’armĂ©e des hommes nombreux aimeraient redresser la tĂȘte avec le peuple et ĂȘtre fiers de leur pays, non pas d’une fiertĂ© de pacotille faite de mots qui habillent la corruption, mais fiers de ce que ce pays accomplit et du courage de son peuple, fiers d’une ambition collective. Fiers de l’espoir de voir enfin ce pays prospĂ©rer et non pas fiers de copier la Malaisie ou le Qatar avec les uns, les Émirats avec GaĂŻd Salah ou la France avec Toufik, mais fiers de le voir crĂ©er sa voie originale en s’appuyant sur le gĂ©nie et la diversitĂ© des peuples qui le composent dans un fantastique retour au sources. L’appel du 1er novembre.

Une fois le mouvement dĂ©marrĂ©, le peuple a assurĂ© son rĂŽle. FiĂšrement, courageusement, il continue ses marches les vendredis, et les Ă©tudiants en donnent eux-mĂȘme le rythme politique, mais nous savons trĂšs bien que cela trouve et prouve ses propres limites car notre victoire Ă  rĂ©vĂ©ler les rĂ©alitĂ©s de ce rĂ©gime vĂ©rolĂ© jusqu’au trognon nous place dĂ©sormais en opposition directe avec le cƓur du rĂ©gime.

Laissons aux historiens qui dans 20 ou 30 ans Ă©tudieront ces Ă©vĂ©nements le soin de dĂ©partager si tel ou tel clan a soufflĂ© les braises de ce soulĂšvement, ou si ce soulĂšvement est le produit de jeux divers et variĂ©s des diffĂ©rents clans qui a abouti Ă  fissurer leur pouvoir. Savoir si tel ou tel clan a favorisĂ© les premiĂšres manifestations n’a pas d’importance pour nous car mĂȘme si une ou des manipulations ont rĂ©ellement existĂ©, leurs instigateurs n’imaginaient pas qu’elles seraient vite dĂ©passĂ©es par le mĂ©contentement profond d’une population qu’ils ignorent et mĂ©prisent. Cette question est donc en quelque sorte un faux dĂ©bat destinĂ© Ă  bavarder sur des broutilles car depuis plusieurs mois, le mouvement populaire a balayĂ© le rĂ©gime en le rĂ©vĂ©lant Ă  nu tel que lui mĂȘme. C’est une vĂ©ritable victoire qu’aucun clan ne pouvait prĂ©voir.

Les fausses pistes: panels, collectifs et feuilles de route

Et voilĂ  que sortent de l’ombre les losers, les ringards, les opposants de la derniĂšre heure et les spĂ©cialistes en transition certifiĂ©s par eux mĂȘme et revendiquant le droit de parler au nom des supporters de footballs issus des quartiers populaires parvenus Ă  faire en quelques semaines ce qu’ils n’avaient jamais espĂ©rĂ© voir de toute leur vie.

L’AlgĂ©rie ne fait pas exception car les rĂ©volutions sont toujours une occasion rĂȘvĂ©e pour les losers et les politicards sur le retour. Alors les revoilĂ . Anciens ministres reconvertis, militants usĂ©s par des annĂ©es d’opposition et Ă  cours d’imagination, tous tentent de « reprĂ©senter » le peuple, avec beaucoup d’honnĂȘtetĂ© pour certains, avec pas mal d’arriĂšres pensĂ©es pour d’autres mais tous conformĂ©ment aux habitudes du rĂ©gime qu’ils prĂ©tendent combattre. À huis clos, derriĂšre les portes des salles oĂč ils se rĂ©unissent.

Et puis surtout avec cette trĂšs Ă©trange mĂ©thode hĂ©ritĂ©e du temps du parti unique: la recherche d’un consensus destinĂ© Ă  masquer les oppositions parfois fĂ©roces qui s’y expriment.

Le rĂ©sultat, ces groupes d’associations qui finalement ne reprĂ©sentent qu’elles mĂȘme se rĂ©vĂšlent incapables d’afficher une rĂ©elle opposition. Mieux, ou plutĂŽt pire, en s’obstinant Ă  produire des « feuilles de route » et des « confĂ©rences », elles ont permis au rĂ©gime de tĂ©lĂ©guider ses propres pions et sa propre « feuille de route » ainsi que son propre « panel » au point que nous sommes aujourd’hui dans une cacophonie d’ « initiatives destinĂ©es Ă  sortir de la crise » quand ce n’est pas telle ou telle mesure du pouvoir qui se trouve saluĂ©e par une association, au grand dam de l’unanimitĂ© de l’opposition proclamĂ©e dans ces textes laborieusement nĂ©gociĂ©s en cachette.

Je suis obligĂ© de m’exprimer ici Ă  titre personnel afin de n’associer personne.

ColĂšre sourde

J’ai durant trois mois Ă©vitĂ© de commenter les diffĂ©rentes initiatives pour leur laisser le temps de produire leurs effets, alors je l’écris aujourd’hui avec une colĂšre que j’ai rĂ©frĂ©nĂ©e durant plusieurs mois tant en ce qui concerne leur mode de fonctionnement qu’en ce qui concerne leurs rĂ©sultats. Des textes insipides.

Les feuilles de route, la « sortie de crise » sont des leurres qui permettent Ă  Bensallah et GaĂŻd Salah de se rĂ©partir les rĂŽles du gentil et du mĂ©chant, elles permettent Ă  Bensallah de gouverner comme le prĂ©sident qu’il n’est pas et Ă  GaĂŻd Salah de rappeler qu’il peut devenir le pĂšre Fouettard. Elle avalisent le caractĂšre constitutionnel de la situation quand en rĂ©alitĂ© l’AlgĂ©rie n’a de fait plus de constitution. Et ce n’est certainement pas une prĂ©sidentielle qui viendra rĂ©parer cela, au contraire. Les feuilles de route sont des scories du vieux monde auxquelles des militants effrayĂ©s par la situation dans laquelle nous sommes s’accrochent, et souvent avec beaucoup de sincĂ©ritĂ©, ce qui est le comble du pathĂ©tique dans lequel nous sommes. Elles sont aussi un moyen d’éviter les questions qu’une transition ne manqueront pas de voir surgir.

Je me suis aussi empĂȘchĂ© de commenter car je ne vis pas en AlgĂ©rie. Je suis nĂ© en France, j’y ai grandi, et je vis aujourd’hui au Japon. J’ai toujours refusĂ© de m’arroger le droit de parler au nom des algĂ©riens, de ceux qui y militent. Et j’avoue que ma critique de ces initiatives ne m’est pas facile car j’ai beaucoup de respect aussi pour un grand nombre de celles et ceux qui y travaillent. Mais on peut avoir du respect pour la sincĂ©ritĂ© des gens sans ĂȘtre d’accord avec eux.

Si on les avait Ă©coutĂ©s, Bouteflika serait aujourd’hui encore prĂ©sident de la rĂ©publique.

Il n’y a pas de sujet qui fĂąchent: dĂ©ballons tout

La jeunesse a cassĂ© ses apprĂ©hensions, ses peurs. Mieux, malgrĂ© les arrestations dont elle est la premiĂšre victime, malgrĂ© la rĂ©pression qui la frappe en prioritĂ©, elle continue, fiĂšre, droite. Pourquoi ne devrait on voir ces jeunes que comme des boucliers et les laisser de cĂŽtĂ©? C’est Ă  eux de prendre les rĂȘnes du mouvement. Dehors, les vieux!

Le peuple algĂ©rien, et en son sein la jeunesse, a prouvĂ© une incroyable maturitĂ© politique qui va bien au delĂ  des calculs de ces « initiatives » mollassonnes. Il est mĂ»r pour apprendre Ă  ne pas ĂȘtre d’accord sans se taper sur la figure. Chaque semaine, les algĂ©riens apprennent dans les marches Ă  cĂŽtoyer l’autre, Ă  rĂ©occuper l’espace.

Parmi les apprĂ©hension idiotes mais non dĂ©nuĂ©es d’arriĂšre pensĂ©es par ses promoteurs, il y a celle qu’il ne faut pas aborder les questions qui fĂąchent. Alors soyons claires, je l’affirme ici avec force, et avec colĂšre aussi, mais avec la ferme conviction d’avoir raison: c’est une erreur, c’est prĂ©parer la fosse de la timide dĂ©mocratie balbutiante que nous sommes en train de faire naĂźtre.

C’est maintenant que nous devons sortir les dĂ©bats qui fĂąchent, car ouvrir ces questions aprĂšs, c’est se condamner Ă  voir surgir la contre-rĂ©volution aux premiĂšres difficultĂ©s. Le peuple d’ailleurs le fait lui-mĂȘme chaque semaine un peu plus, il se rĂ©approprie les symboles, l’histoire. Revoir surgir Ben Badis ou Messali, avec tous les dĂ©bats qui vont avec, c’est voir aujourd’hui ces hommes retrouver leur place au delĂ  de la critique nĂ©cessaire de leurs actions. Les femmes, elles, continuent de s’organiser.

Nous devons aborder toutes les questions que nous voulons. Ce que nous devons apprendre, c’est Ă  le faire avec respect, sans haine, car il s’agit de construire un pays qui sera le pays de nous tous. Ces discussions doivent ĂȘtre ouvertes et, ce faisant, nous devons apprendre enfin Ă  aborder les questions qui traversent la sociĂ©tĂ© avec respect, avec amitiĂ©. Les questions Ă©conomiques aussi, car il y aura des choix trĂšs difficiles Ă  faire. La discorde et la haine ont Ă©tĂ© produites par ce rĂ©gime, nous devons apprendre Ă  les extirper pendant notre mouvement car ce faisant nous allons apprendre Ă  nous respecter et Ă  tous nous reconnaĂźtre comme algĂ©riens.

Passer un pacte entre nous

Et c’est uniquement cela que nous devons demander aux diffĂ©rentes initiatives: quelque soit le rĂ©sultat des premiĂšres Ă©lections dĂ©mocratiques qui viendront, nous devons nous engager Ă  en respecter l’issue, nous n’appellerons pas tel ou tel clan Ă  la rescousse, et c’est justement pour passer ce pacte que nous devons apprendre Ă  reconnaĂźtre la lĂ©gitimitĂ© de toutes nos opinions.

C’est l’opposĂ© de la dĂ©marche choisie par les diffĂ©rentes « initiatives » puisqu’elles sous entendent toutes que le peuple est incapable d’aborder les questions politiques majeures qui le concernent. En repoussant ces discussions Ă  plus tard, elle prĂ©pare le terreau de blocages politiques et institutionnels qui fourniront autant d’arguments au systĂšme pour revenir. On l’a vĂ©cu aprĂšs 1992, la Tunisie l’expĂ©rimente en ce moment.

La dĂ©mocratie n’est pas « un truc qu’on remet Ă  plus tard ». La dĂ©mocratie, ça commence maintenant, ce n’est pas un objectif lointain, c’est un exercice quotidien, c’est une pratique et un processus. C’est un apprentissage.

Loin de la servir, les « initiatives » freinent la dynamique populaire en la plaçant sur le terrain piĂ©gĂ© par le pouvoir et des politiciens sur le retour, qu’elles ne rompent en rien avec l’infantilisation de la population et qu’en ce sens elles appartiennent Ă  une Ă©poque rĂ©volue. Elles entretiennent l’idĂ©e que tout doit venir d’en haut alors que c’est du cƓur de la sociĂ©tĂ© que doivent surgir les initiatives. Leur temps est passĂ©. Ce dont le peuple a besoin si elles sont sincĂšres, c’est de leur expĂ©rience et de leur soutien. Pas de leurs conciliabules secrets en encore moins de leurs textes insipides.

La dĂ©mocratie, c’est un processus initiĂ© par le peuple

Nous avons besoin pour le moment de mots d’ordres simples pour rappeler Ahmed GaĂŻd Salah que ses ordres ne viennent pas de Abu Dhabi ou Washington mais du cƓur de l’AlgĂ©rie. Des mots d’ordre simples,

  • libĂ©ration de tous les jeunes enfermĂ©s depuis le dĂ©but du mouvement d’opposition au cinquiĂšme mandat.
  • publication de toutes les charges retenues contre toutes les personnalitĂ©s dĂ©tenues et publication des preuves des allĂ©gations. Le peuple a le droit de savoir.
  • rupture des liens politiques entre l’ENTV et le pouvoir.
  • interdiction pour les forces de l’ordre de barrer l’accĂšs Ă  la capitale ni d’entraver la libertĂ© de circulation sur le territoire.
  • libertĂ© des journalistes, des militants politiques et des associations.

Ces quelques points sont non nĂ©gociables et peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s dans le cadre mĂȘme de l’actuelle « constitution » qui prĂ©tend garantir ces droits.

VoilĂ  pour la situation politique.

Le courage de prendre la transition en main

Pour le reste, oui, il faudra aboutir Ă  une instance de pilotage de la transition composĂ©e de 3 personnes aux profils diffĂ©rents. Dans mon article d’avril, je n’avais pas donnĂ© de nom car on m’avait suggĂ©rĂ© de ne pas le faire. Et je le regrette. J’en donne un cette fois-ci, celui-lĂ  mĂȘme que je voulais suggĂ©rer alors. Personnellement, et Ă  titre individuel, je proposerai Mouloud Hamrouche. Son rĂŽle durant la pĂ©riode 1988-1991 et son attitude par la suite en font un homme probe, ouvert, un homme de parole et d’honneur. Je ne suggĂšre qu’un homme. À chacun d’entre nous de se saisir de ce dĂ©bat.

Je pense que l’instance doit en compter trois, un nombre parfait car on peut alors avoir trois profils diffĂ©rents – ils doivent ĂȘtre diffĂ©rents -, et trois permet d’obtenir des dĂ©cisions de façon simple. Leur rĂŽle devra-t-ĂȘtre celui du prĂ©sident de la rĂ©publique dans le cadre d’un processus constitutionnel de transition. Je vous renvoie Ă  mon article d’avril sur l’architecture de transition que je suggĂ©rais. Son rĂŽle est extrĂȘmement limitĂ©: protĂ©ger le mouvement populaire en lui donnant la durĂ©e en comblant le vide institutionnel dans lequel nous sommes, veiller au bon dĂ©roulement de la transition et piloter les travaux de la constituante. Les dĂ©crets relatifs Ă  l’organisation d’une assemblĂ©e constituante ont valeur constitutionnelle: ils ont Ă©tĂ© pris par le gouvernement algĂ©rien et publiĂ©s au journal officiel de la rĂ©publique algĂ©rienne en juillet 1962 avant le coup d’état. L’instance de pilotage est donc en ce sens une simple restauration de la lĂ©galitĂ© civile Ă©cartĂ©e par la force par l’armĂ©e des frontiĂšres.

Je sais trĂšs bien que dĂšs que l’on donne un nom, des voix s’élĂšvent. C’est un courage que nous devons pourtant trĂšs vite prendre. Il impose d’ĂȘtre exigeant dans notre choix. Je n’ai aucun intĂ©rĂȘt Ă  suggĂ©rer Mouloud Hamrouche, il a d’ailleurs plusieurs fois exclu de prendre quelque fonction que ce soit. Cela ne lui donne que plus de valeur Ă  mes yeux.

Un projet, une vision pour l’AlgĂ©rie

Cette question tranchĂ©e, il reste la question de la nouvelle rĂ©publique ainsi que celle d’une politique pour l’AlgĂ©rie, ses contours. C’est sur ces questions que doit naĂźtre le vĂ©ritable dĂ©bat dĂ©mocratique et que nos spĂ©cialistes en transitions veulent Ă  tout pris Ă©viter que nous parlions.

Quel pays veut-on? De ces dĂ©bats naĂźtront de nouveaux partis politiques issus de nous et du cƓur de la sociĂ©tĂ©.

Il ne s’agit pas d’ĂȘtre d’accord, mais d’apprendre Ă  ne pas l’ĂȘtre

Il s’agit de discuter et de produire notre propre conversation, Ă©crire, discuter. On s’en fout, de la guĂ©guerre interne au systĂšme. Qu’ils dĂ©gagent tous!

C’est notre pays, et la dĂ©mocratie, c’est nous. Nedjma publiera tout texte qui contribuera au dĂ©bat politique au sens d’un projet de sociĂ©tĂ©.

Pour esquisser un projet politique pour l’AlgĂ©rie, pour le faire de façon honnĂȘte, il faut poser des prĂ©liminaires.

Ces prĂ©liminaires ne vont pas ĂȘtre agrĂ©ables Ă  lire car il faut d’abord parler des dĂ©fis auxquels l’AlgĂ©rie va faire face. Certains d’entre eux ne sont pas de son ressort, ils sont d’ordre mondial et le temps perdu par les enflures qui ont gouvernĂ© et pillĂ© ce pays ne reviendra pas, les opportunitĂ©s non plus. L’AlgĂ©rie part en situation de handicap, mais avec les quelques chances qui lui restent et sur lesquelles elle peut encore s’appuyer peuvent devenir de vĂ©ritables outils de transformation rapide. Cela veut dire que nous de devons pas louper cette fenĂȘtre de tir. C’est du destin des gamin d’aujourd’hui qu’il s’agit.

Ici et lĂ  Ă  Ă©mergĂ© l’idĂ©e d’une AlgĂ©rie de 100 millions d’habitants comme d’un horizon fantastique. Je l’écris clairement. Les types qui Ă©crivent ce genre de truc ne se rendent mĂȘme pas compte qu’on n’est plus dans les annĂ©es 50, ils sont dĂ©passĂ©s, ils ne connaissent rien des dĂ©bats du monde ni des contraintes Ă  venir et dont voici une liste non exhaustive seule Ă  mĂȘme de fournir les clefs d’un rĂ©el projet politique.

Les défis et les dangers devant nous

D’abord, l’AlgĂ©rie est aujourd’hui dors et dĂ©jĂ  en Ă©tat de stress hydrique. Le stress hydrique, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas assez d’eau, cela veut dire qu’il y en a juste suffisamment mais qu’un incident climatique ou une pollution peuvent affecter les ressources en eau de façon dramatique.

Toutefois, l’AlgĂ©rie possĂšde d’immenses rĂ©serves d’eau dans son sous-sol. Cette eau, non comestible, doit donc ĂȘtre protĂ©gĂ©e par tous les moyens afin de permettre la production agricole. Nous devons de toute urgence nous dĂ©tourner de l’agriculture extensive polluante et favoriser l’innovation en nous basant sur les savoirs faire de l’agriculture traditionnelle, Ă©conome en ressource et favorisant la qualitĂ© des sols. Nous devons encourager le travail de la terre, le valoriser. Nous devons donc aussi refuser les hydrocarbures et gaz non conventionnels. Rappelons nous: avant l’arrivĂ©e des français, l’agriculture Ă©tait luxuriante.

Ensuite, l’AlgĂ©rie a dĂ©passĂ© son pic de production d’hydrocarbures. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de pĂ©trole, cela veut dire que le pĂ©trole qui reste va nĂ©cessiter des investissements de plus en plus chers. ParallĂšlement, encouragĂ©s par un gouvernement sans vision, les algĂ©riens se sont habituĂ©s Ă  la voiture. En tendance, l’AlgĂ©rie ne pourra plus dans un avenir proche exporter suffisamment de pĂ©trole pour importer ce dont elle a besoin car une grande partie de ce pĂ©trole sera utilisĂ© par les automobilistes ou l’électricitĂ©.

La population est jeune, elle continue de croĂźtre. L’augmentation de la population au moment oĂč les ressources se rarĂ©fient, l’absence d’une rĂ©elle Ă©conomie et des emplois qui y sont liĂ©s ainsi que des habitudes de consommations importĂ©es de l’occident et rendues possibles grĂące au saupoudrage de miettes de la rente pĂ©troliĂšre dans un pays non dĂ©veloppĂ© comme l’AlgĂ©rie constituent un Ă©norme handicap qui pourraient encourager une partie de la prĂ©tendue Ă©lite ainsi que des pans non nĂ©gligeables de la pseudo classe moyenne Ă  envisager un tournant totalitaire afin de prĂ©server leur mode de consommation dans un pays oĂč la pauvretĂ© se gĂ©nĂ©raliserait. C’est le scĂ©nario Ă©gyptien, c’est le scĂ©nario brĂ©silien.

De son cĂŽtĂ©, le rĂ©chauffement climatique va constituer un dĂ©fi encore plus important dans un pays d’ors et dĂ©jĂ  touchĂ© par un climat aride dans une grande partie de son territoire. On doit dors et dĂ©jĂ  envisager encore plus d’épisodes de trĂšs fortes pluies suivies d’inondations emportant tout sur leur chemin, d’incendies de forĂȘts dĂ©vastateurs et de pĂ©riodes oĂč l’eau sera plus rare.

Enfin, la situation gĂ©ographique. Les ressources encore disponibles, notamment les ressources miniĂšres et non conventionnelles ainsi que la taille du territoire nous placent dans une position extrĂȘmement vulnĂ©rable. Les tentatives de dĂ©stabilisation, les mouvements de population consĂ©cutifs au rĂ©chauffement climatiques, la proximitĂ© de foyers Ă©pidĂ©miques dans les zones de conflits environnants, le dĂ©clin en cours dans les pays europĂ©ens avec les risques d’évolutions populistes et totalitaires concomitants constituent la trame gĂ©opolitique des dĂ©cennies Ă  venir et sans la prise en compte desquelles il est impossible de dĂ©finir un horizon ainsi qu’une politique solide.

Le projet qui suit ne se base donc pas sur le placage d’un modĂšle ayant marchĂ© ailleurs. Il repose sur la conviction profonde que le peuple algĂ©rien peut dĂ©montrer dans les annĂ©es qui viennent une grandeur et une ambition collective qui pourront tourner les nombreux handicaps et dĂ©fis qui sont devant lui en autant de possibilitĂ©s et d’opportunitĂ©s. Mieux encore, il repose sur l’idĂ©e que des savoirs faire ancestraux et heureusement documentĂ©s peuvent fournir des pistes qui nous permettront de franchir le dĂ©fi majeur du changement climatique en inventant un nouveau modĂšle de civilisation et d’économie dans un monde qui ne tardera pas Ă  ĂȘtre bouleversĂ© par l’effondrement de ses principaux cadres civilisationnels.

Il y aura forcĂ©ment une part de ce que d’aucun ne manqueront pas de voir comme des sacrifices et de politique d’austĂ©ritĂ©.

Mais ce que ces Ăąmes trempĂ©es du mode de pensĂ©e d’une Ă©conomie agonisante au nord et nourris de modĂšles de consommation dors et dĂ©jĂ  obsolĂštes dont nous n’avons en plus pas les moyens appelleront « sacrifice » et « austĂ©rité » signent la marque d’un courage politique majeur.

Une telle politique ne manquera pas de provoquer un temps une rĂ©cession Ă©conomique, phase durant laquelle les algĂ©riens auront l’occasion de retrouver et recrĂ©er des solidaritĂ©s perdues, d’en inventer de nouvelles. Cette phase sera Ă©galement la phase de mise en place du socle institutionnel ainsi que du lancement des bases d’une Ă©conomie moderne qui ne manqueront pas dans un deuxiĂšme temps d’entraĂźner une forte croissance Ă©conomique basĂ©e sur les principes d’une Ă©conomie sobre et de l’éducation. Ce sera le temps d’une reconquĂȘte du territoire, de tout le territoire, par et pour la population elle-mĂȘme.

Les courage de rompre, le courage de crĂ©er l’AlgĂ©rie

S’il est un principe fort qui dĂ©finira cette pĂ©riode, c’est celui d’une rupture profonde qui fera dire Ă  celles et ceux qui l’auront vĂ©cue, « j’y Ă©tais », avec le sens du devoir accompli. Il s’agit de l’esquisse d’un projet politique porteur d’une ambition nationale dĂ©passant le cadre d’une gĂ©nĂ©ration, il s’agit d’ĂȘtre fiers de nous, et c’est cette fiertĂ© de nous qui nous rendra fiers de notre pays, un pays que nous auront acquis par le sang dans les annĂ©es 50 contre l’occupation française, et que nous aurons bĂąti par des choix courageux en le rĂ©cupĂ©rant Ă  partir du 22 fĂ©vrier, date qui au passage ne manquera pas de devenir le jour oĂč devra ĂȘtre proclamĂ©e la nouvelle constitution.

Ces quelques éléments énoncés, voici quelques éléments pour une Algérie nouvelle et prospÚre dans sa seconde république démocratique, formulées sur le mode de la fiction désirable mais tenant compte des défis énumérés plus haut

Symboles

L’appellation de « RĂ©publique AlgĂ©rienne DĂ©mocratique et Populaire », inspirĂ©e du modĂšle rĂ©publicain français centralisĂ© et du modĂšle soviĂ©tique, est supprimĂ©e.

La dĂ©claration du Premier Novembre ainsi que de la Plateforme de la Soumam sont citĂ©s en introduction Ă  la nouvelle constitution en tant que principes fondamentaux du bloc de constitutionnalitĂ© destinĂ© Ă  la Cours Constitutionnelle. L’état algĂ©rien se dĂ©finit donc avant tout comme une Ă©manation du droit et des principes qui inspirent son Ă©laboration, et non comme une structure administrative indĂ©pendante du droit hĂ©ritĂ© du modĂšle français.

Le nouvel état prend pour nom de Confédération Jazaïrienne (en arabe et en Amazigh). Son drapeau est inchangé.

En ce qui concerne le drapeau Amazigh, il ne peut ĂȘtre discutĂ© par la seule AlgĂ©rie car ce drapeau reprĂ©sente l’AmazighitĂ© du Maghreb dont elle est en quelque sorte l’Ă©tandart. Son utilisation par les algĂ©riens ne peut en revanche ĂȘtre condamnĂ©e ni criminalisĂ©e puisque l’AmazighitĂ© est constitutive de notre histoire et irrigue notre vocabulaire, notre culture et nombre de nos pratiques.

La ConfĂ©dĂ©ration JazaĂŻrienne est dotĂ©e de deux hymnes (aucun texte international ni aucun principe constitutionnel ne rĂ©glemente le nombre et les caractĂ©ristiques d’un hymne national):

Qassaman est l’hymne de la rĂ©volution. Il ouvre les cĂ©rĂ©monies du 5 juillet qui est la fĂȘte nationale et rappelle le prix payĂ© par le peuple pour recouvrer sa dignitĂ© et son indĂ©pendance territoriale. Il est utilisĂ© lors des cĂ©rĂ©monies militaires. Son texte est enseignĂ© Ă  l’école.

Angham El DjazaĂŻr est l’hymne des grands Ă©vĂ©nements culturels nationaux et internationaux. Il ferme les cĂ©rĂ©monies du 5 juillet oĂč il est chantĂ© en entier. Il est Ă©tudiĂ© Ă  l’école et son refrain y est chantĂ©. Chaque province peut limiter le chant lors de cĂ©rĂ©monies Ă  un des couplets de son choix pourvu qu’y soit chantĂ© le refrain, rĂ©affirmant l’union des peuples qui forment la confĂ©dĂ©ration.

Multilinguisme, comme en Suisse

Les documents officiels sont Ă©crits en arabe, en français et en amazigh pour une pĂ©riode de transition de 20 ans. La question du derja ainsi que des diffĂ©rents parlĂ©s doit rester ouverte. Une acadĂ©mie indĂ©pendante de la langue algĂ©rienne est créée. Son travail est de documenter les diffĂ©rents parlĂ©s et d’encourager la crĂ©ation littĂ©raire en langue parlĂ©e, ainsi que de sa classification, de la production de dictionnaires et les traductions. L’idĂ©e est que la question linguistique est secondaire comme le prouve l’exemple helvĂ©tique, elle doit donc ĂȘtre sortie de la sphĂšre politique afin que toute la crĂ©ativitĂ© linguistique algĂ©rienne puisse s’exprimer.

Toutefois, le rĂŽle du français doit ĂȘtre progressivement encadrĂ©, trĂšs strictement dĂ©fini et limitĂ©. Dans une AlgĂ©rie totalement indĂ©pendante, le français n’occupe plus la place centrale qu’il continue d’occuper. La suggestion rĂ©cente de remplacer le français par l’anglais est une autre bĂȘtise liĂ©e Ă  la politisation de la question linguistique. À terme, l’AlgĂ©rie doit retrouver sa souverainetĂ© linguistique Ă  travers l’émergence d’un derja littĂ©raire, d’un amazigh littĂ©raire ainsi que par une production en langue arabe de qualitĂ©. Ce mouvement, toutefois, ne doit en rien ĂȘtre forcĂ©. C’est au peuple de le crĂ©er, et la structure confĂ©dĂ©rale veut dire que chaque province peut prioriser la langue de son choix, comme la Suisse ou la Canada.

Une confédération

Le crypto-jacobinisme en place a entretenu l’idĂ©e que seul un Ă©tat centralisĂ© Ă©tait bon pour l’AlgĂ©rie et que le fĂ©dĂ©ralisme l’affaiblirait. Comme si la France Ă©tait le seul modĂšle politique au monde

  • La ConfĂ©dĂ©ration HelvĂ©tique (la Suisse) est le plus vieil Ă©tat europĂ©en, sa constitution dĂ©mocratique a plus de 800 ans et ses frontiĂšres n’ont jamais bougĂ©.
  • Les USA, la premiĂšre puissance mondiale, est un Ă©tat fĂ©dĂ©ral.
  • La Russie est parvenue Ă  rĂ©sister Ă  l’effondrement de l’Union SoviĂ©tique grĂące Ă  sa structure fĂ©dĂ©rale, l’excĂšs de centralisation aurait accru les tentations cessessionistes.
  • La RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d’Allemagne est le pays le plus riche et le plus stable d’Europe.
  • Les Émirats Arabes Unis, ce vĂ©ritable « exemple » pour certains dans les couloirs algĂ©riens, est une fĂ©dĂ©ration de plusieurs petits Ă©mirats.
  • Les Pays-Bas forment un Ă©tat fĂ©dĂ©ral de plusieurs centaines d’annĂ©es.
  • La FĂ©dĂ©ration Indienne est, malgrĂ© l’étendue de son territoire et de nombreux problĂšmes Ă©conomiques et sociaux, et malgrĂ© sa variĂ©tĂ© linguistique et culturelle, un Ă©tat stable et en sĂ©curitĂ©.
  • L’Australie est un Ă©tat fĂ©dĂ©ral. Le Canada est quand Ă  lui un Ă©tat fĂ©dĂ©ral, multilingue et multiculturel.
  • Le BrĂ©sil est une fĂ©dĂ©ration. L’Argentine aussi.

La tragĂ©die de l’AlgĂ©rie qui dans son histoire n’a jamais Ă©tĂ© constituĂ©e en Ă©tat nation centralisĂ© et uniformisĂ©, est d’avoir Ă©tĂ© colonisĂ© par une puissance Ă©trangĂšre qui a inculquĂ© Ă  ses Ă©lite l’horizon indĂ©passable de son jacobinisme rĂ©publicain.

Or, la centralisation jacobine nous Ă©touffe, elle est anti-algĂ©rienne, elle est le pire cadeau empoisonnĂ© de la France, elle nous instille la honte de nous, la honte de nos cultures, de nos langues parlĂ©es, de nos traditions, de nos gestes. Elle nous bloque dans un dĂ©bat qui n’est pas le nĂŽtre (modernitĂ© ou islam). Nous devons nous en dĂ©barrasser, nous devons briser l’état jacobin pour que naisse enfin l’AlgĂ©rie telle qu’elle est.

L’état souhaitable est un État FĂ©dĂ©ral composĂ© de provinces dont les limites sont fixĂ©es en fonction des wilaya actuelles. Les diffĂ©rentes campagnes de dĂ©peuplement successives opĂ©rĂ©es par la puissance coloniale, puis par l’état proto-jacobin aprĂšs l’indĂ©pendance et enfin par la dĂ©sertification de zones rurales durant la guerre interne des annĂ©es 90 rendent obsolĂšte toute approche basĂ©e sur les provinces antĂ©rieures Ă  la colonisation. Les wilayas actuelles offrent donc une base rationnelle et un compromis acceptable par la population pourvu qu’il s’opĂšre dans un cadre confĂ©dĂ©ral seul Ă  mĂȘme de « rĂ©parer » le trauma territorial et culturel sans pour autant dĂ©membrer le territoire. La Wilaya offre d’ailleurs un excellent cadre de maitrise de la transition.

L’état et les provinces

Les wilayas acquiĂšrent un statut de provinces indĂ©pendantes et peuvent elles-mĂȘmes se fĂ©dĂ©rer pour former des fĂ©dĂ©rations de plusieurs provinces dans le cadre d’un processus long qui aboutira progressivement Ă  la formation de nouveaux territoires collant aux rĂ©alitĂ©s culturelles. Le « modĂšle suisse » est le modĂšle qui doit inspirer cette architecture institutionnelle tout en se pliant aux spĂ©cificitĂ©s algĂ©riennes grĂące aux institutions dĂ©mocratiques.

Le confĂ©dĂ©ralisme permet Ă  chaque province de faire vivre son patrimoine et ses spĂ©cificitĂ©s culturelles Ă  sa façon, ses langues et ses pratiques religieuses avec des pouvoir Ă©tendus permettant d’exercer de fait un rĂ©el pouvoir dĂ©mocratique sur la vie sociale, culturelle, linguistique, religieuse et Ă©conomique. Les provinces ont un pouvoir lĂ©gislatif Ă©tendu et il doit ĂȘtre clair que certaines provinces offriront un cadre plus conservateur que d’autres en fonction du choix de ses habitants mais dans le respect du cadre constitutionnel et lĂ©gislatif fĂ©dĂ©ral.

Un régime présidentiel avec un président aux pouvoir strictement limités

Une telle diversitĂ© de provinces, le caractĂšre confĂ©dĂ©ral et contractuel appellent un pouvoir exĂ©cutif qui incarne l’unitĂ© de l’état. Le rĂ©gime est donc un rĂ©gime prĂ©sidentiel: le prĂ©sident est Ă©lu pour six ans et son mandat n’est pas renouvelable. Il n’a aucun droit de dissolution des chambres qui sont de fait totalement indĂ©pendantes et autonomes, il nomme un premier ministre. Il est Ă©lu au suffrage universel direct le jour mĂȘme d’une des Ă©lections Ă  la chambre basse (modĂšle amĂ©ricain)

Un parlement totalement indépendant est composé de deux chambres

Une chambre basse est élue à la proportionnelle avec répartition des restes à la plus forte moyenne avec une limite à 5% sur liste de wilaya et est renouvelée par tiers tous les deux ans. Une chambre haute tirée au sort nationalement parmi les membres des chambres des différentes provinces aprÚs chaque élection des chambres provinciales (wilaya).

La chambre basse (assemblĂ©e nationale) contrĂŽle le budget, vote les lois, propose des lois et vote les missions de l’armĂ©e.

La chambre haute (sĂ©nat) assure les auditions publiques (tĂ©lĂ©visĂ©es) et confirme les nominations. Elle a le pouvoir de les rejeter. En cas de rejet d’une nomination, la nomination passe entre les mains de la chambre basse qui peut alors aller dans le sens prĂ©sidentiel ou proposer une nomination diffĂ©rente. La chambre haute reprend alors les auditions des nouvelles personnalitĂ©s et donne un avis qui cette fois ne peut ĂȘtre suspensif. L’assemblĂ©e vote la nomination Ă  la fin des auditions aprĂšs Ă©coute de l’avis de la chambre haute.

L’impĂŽt fĂ©dĂ©ral

L’état fĂ©dĂ©ral fait la loi commune, discute les traitĂ©s, organise le commerce et veille Ă  la cohĂ©sion. Il prĂ©lĂšve un impĂŽt. Cet impĂŽt finance les fonctions rĂ©galiennes de l’état telles que dĂ©finies dans la dĂ©claration de 1954 et par consĂ©quent inscrites dans la constitution sans possibilitĂ© d’amendement: la dĂ©fense, la politique de l’eau, l’état providence (et notamment la santĂ©), l’éducation. Il est Ă©galement en charge de grands travaux d’équipement de portĂ©e nationale, etc

L’impĂŽt est indirect (taxe sur la consommation, sur les produits pĂ©troliers, droits de timbres, etc) et direct (impĂŽt sur le revenu, sur les bĂ©nĂ©fices, sur les successions, redevances diverses). L’existence d’un impĂŽt indirect donne droit (modĂšle anglais) au versement d’un impĂŽt nĂ©gatif pour les familles les plus modestes.

L’ArmĂ©e Nationale Populaire est placĂ©e sous la responsabilitĂ© du pouvoir fĂ©dĂ©ral

Son commandement est placĂ© sous l’autoritĂ© du prĂ©sident, qui propose les principales nominations et oriente la politique de dĂ©fense. Seul le prĂ©sident est habilitĂ© Ă  dĂ©clarer la guerre, aprĂšs la saisine par lui, et non son premier ministre, des deux chambres, un dĂ©bat puis un vote lui confĂšrent cette autoritĂ©.

Une justice indĂ©pendante placĂ©e sous la responsabilitĂ© d’une Cour Constitutionnelle

La Cour Constitutionnelle est composĂ©e de 5 juges candidats tirĂ©s au sort ĂągĂ©s de 50 ans minimum, de 5 avocats candidats tirĂ©s au sort et ĂągĂ©s de 50 ans minimum et de 5 personnalitĂ©s candidates tirĂ©es au sort et ĂągĂ©es de 50 ans minimum. Le tirage au sort effectuĂ©, la chambre haute mĂšne des auditions (publiques et tĂ©lĂ©visĂ©es) et confirme les nomination de juges et des reprĂ©sentants des instances indĂ©pendantes. La chambre haute ne peut refuser plus de trois nominations pour un mĂȘme siĂšge.

Chaque annĂ©e, la Cour Constitutionnelle publie un rapport sur ses activitĂ©s et sur l’état de la justice dont elle supervise l’activitĂ©. Elle ouvre des questions de droit. Elle nomme les juges fĂ©dĂ©raux dans les provinces.

Sur proposition du gouvernement, la chambre basse débat et vote le budget de la justice. Elle peut se saisir du rapport de la Cour Constitutionnelle pour écrire et discuter une loi. La chambre haute peut demander à écouter le président de la Cour afin de formuler une proposition de loi à la chambre basse. Chacune des chambres peut saisir la Cour.
En cas de litige suite à une décision de justice, un simple citoyen peut saisir la Cour. Dans ce but, la Cour nomme un Haut Médiateur de la Cour pour une durée de 3 ans. Le Haut Médiateur se voit attribuer les moyens de son action par le Cour.

Au sein du gouvernement et nommĂ© par le prĂ©sident sur proposition du premier ministre, le Grand Chambellan est en charge de la justice. Il propose un budget au gouvernement, il formule des propositions relatives au fonctionnement de la justice. Budget et propositions sont discutĂ©es par les deux chambres avant d’ĂȘtre votĂ©es par la chambre basse.
Il peut s’opposer Ă  la nomination d’un juge dans une province ou rapporter des agissements contraires au droit d’un des juges fĂ©dĂ©raux. Son avis est motivĂ© puis discutĂ© Ă  la chambre haute qui transmet Ă  la Cour. Celle-ci doit alors Ă©mettre un avis favorable ou dĂ©favorable. En cas d’avis dĂ©favorable Ă  la demande du Chambellan, un vote est dĂ©clenchĂ© Ă  la chambre basse. La majoritĂ© des 3/5Ăšme est requise.

Le but de cette extrĂȘme complexitĂ© des procĂ©dures est d’empĂȘcher toute interfĂ©rence entre les pouvoirs tout en ayant des procĂ©dures de contrĂŽle qui engagent chaque branche.

Des provinces fortes, sources de tout pouvoir

Les provinces sont de fait des Ă©tats sans en avoir le titre. Elles se dotent (seules ou en fĂ©dĂ©rations de provinces si elles le souhaitent) d’un texte Ă  valeur constitutionnelle dans leur propre territoire fixant le mode de fonctionnement de leurs institutions. Ce texte n’amende pas la constitution de la ConfĂ©dĂ©ration JazaĂŻrienne: il la complĂšte pour la province concernĂ©e.

Chaque province est dotĂ©e d’une chambre basse et d’une chambre haute. La chambre basse est composĂ©e selon les rĂšgles de cette province. La chambre haute consiste en un conseil des Daira composĂ© selon les rĂšgles constitutionnelles de la province. Le conseil de la province est Ă©lu selon les rĂšgles de cette province. Le nombre de ces reprĂ©sentants doit ĂȘtre fixĂ© par la constitution fĂ©dĂ©rale.

Les provinces prĂ©lĂšvent un impĂŽt dont elles calculent l’assiette. Cet impĂŽt, direct ou indirect, est votĂ© et affectĂ© selon les rĂšgles constitutionnelles de la province. Il est recouvrĂ© par l’administration fĂ©dĂ©rale des impĂŽts, seul son produit est directement affectĂ© Ă  la province. Les Daira prĂ©lĂšvent Ă©galement un impĂŽt, Ă©galement prĂ©levĂ© par l’administration fĂ©dĂ©rale avant d’ĂȘtre intĂ©gralement reversĂ©.

La santĂ© et l’éducation sont du ressort fĂ©dĂ©ral

Les provinces sont l’échelon de leur organisation selon les modalitĂ©s votĂ©es et dĂ©terminĂ©es par la province.

Les provinces dĂ©cident de la premiĂšre langue Ă©tudiĂ©e Ă  l’école. Il peut ĂȘtre intĂ©ressant d’apprendre aux enfants Ă  Ă©crire leur propre langue parlĂ©e durant une phase de deux ans, pour les amener ensuite Ă  apprendre la langue dans laquelle cette langue se situe. Il est fondamental de prĂ©server les diffĂ©rents parlĂ©s. L’arabe moderne ou le Tamazigh moderne viennent complĂ©ter l’enseignement de la langue apprise en primaire au bout de deux ans. La politique linguistique est du ressort de la province avec l’impĂ©ratif de former Ă  une des langues nationales.

L’anglais ou le français sont enseignĂ©s au choix des parents, Ă  partir de 12 ans.

Alger est dotĂ©e du statut particulier de ville capitale. Elle est une ville-province dotĂ©e d’un statut spĂ©cial

Les provinces lĂ©gifĂšrent sur des questions de sociĂ©tĂ©, leur fiscalitĂ©, le budget du culte, la politique touristique locale, le patrimoine, l’urbanisme, l’exploitation des ressources. Elles sont primo-propriĂ©taires des ressources naturelles dans leur sous sol. Elles encaissent de fait et par droit constitutionnel inaliĂ©nable 30% de leur prix.

Un état civil, une constitution forte

La constitution garantit la liberté de la presse. Un haut conseil des médias est créé. Il est composé de 3 membres nommés par la Cour Constitutionnelle, 3 membres nommés par la chambre basse et trois membres tirés au sort parmi les journalistes professionnels portés candidats et dont la candidature a été examinée puis validée par la cour constitutionnelle. Le conseil est renouvelé par tiers tous les trois ans, sans renouvellement possible.

Le statut de journaliste est Ă©tendu Ă  toute forme de presse, quelque soit le mĂ©dia. Le haut conseil peut se porter partie civile pour protĂ©ger des journalistes victimes d’une atteinte Ă  leur libertĂ©.

La constitution garantit le droit de grĂšve, le droit d’association, le droit de crĂ©er un parti politique, le droit de manifestation, le droit de rassemblement. Les modalitĂ©s et le cadre lĂ©gal sont le ressort de chaque province.

La constitution garantit l’égalitĂ© juridique et politique entre hommes et femmes. Le code de la famille est abrogĂ©. Les modalitĂ©s et le cadre lĂ©gal sont le ressort de chaque province. Le droit de vote et les droits politiques des femmes sont garantis par la constitution et ne peuvent ĂȘtre remis en cause car les femmes ont acquis ces droits durant la guerre d’indĂ©pendance nationale.

La peine de mort est abolie. La torture est dĂ©clarĂ©e anti-constitutionnelle sur l’ensemble du territoire en vertu de l’expĂ©rience vĂ©cue durant la guerre d’indĂ©pendance ainsi que de l’usage de la torture par le rĂ©gime politique qui s’est mis en place aprĂšs le coup d’état de l’étĂ© 1962.

Une économie démocratique au service du développement

SONATRACH et SONELGAZ sont transformĂ©es en rĂ©gies publiques confĂ©dĂ©rales. Leur conseil de gestion est composĂ© d’un prĂ©sidium tirĂ© au sort parmi des membres candidats issus des chambres de chaque province, de trois reprĂ©sentants du gouvernement ainsi que de cinq membres du personnel tirĂ©s au sort parmi les travailleurs candidats de l’entreprise. Le prĂ©sident est choisi par les membres eux mĂȘme, parmi les membres ou Ă  l’extĂ©rieur.

AIR ALGÉRIE, TASSILI, AlgĂ©rie Ferry et la SNTF sont fusionnĂ©es pour donner naissance au TASSILI GROUP, composĂ© de Tassili International pour les liaisons internationales, Tassili Express pour le ferroviaire ainsi que les compagnies de bus longue distance, Tassili N’Dzair pour le domestique et le Maghreb, Tassili Freight et Tassili Ferry.
DÚs les premiÚres années, Alger et Oran sont reliés par une liaison ferroviaire à trÚs grande vitesse japonaise Shinkansen.

TASSILI GROUP absorbe les structures publiques d’hĂŽtelleries pour donner naissance au groupe public de tourisme The Tassili Tour International offrant une offre variĂ©e d’hĂŽtels et d’infrastructures Ă  tous tarifs. Des partenariats peuvent ĂȘtre envisagĂ©s avec de grands groupes (Jumeirah, etc) pour le dĂ©veloppement d’une offre grand standing.

Le Tassili group est un groupe public regroupant les activitĂ©s de transport, d’hĂŽtellerie, de restauration, de SPA, de tour opĂ©rator sur le modĂšle de Japan Airlines, de ANA, de Emirates et des autres compagnies du Moyen-Orient et d’Asie. Le modĂšle de Tassili est, dans le domaine aĂ©rien, un modĂšle « low cost de qualitĂ©).
Dans le but de développer le tourisme, les restrictions dites « de réciprocités » sont annulées.

Le conseil de gestion du groupe est composĂ© d’un membre candidat des assemblĂ©es de chaque province tirĂ© au sort, de trois reprĂ©sentants du gouvernement, de trois membres de SONATRACH-SONELGAZ ainsi que de trois membres du personnel choisis par les travailleurs de l’entreprise. Le prĂ©sident est choisi par les membres eux mĂȘme, parmi les membres ou Ă  l’extĂ©rieur.

Le caractÚre public de ces sociétés, la structure fédérative et démocratique du capital sont inscrits dans la constitution pour une durée minimum de 30 ans imprescriptibles.

Rompre avec les hydrocarbures

Cette politique de forts investissements et de renaissance des diffĂ©rentes provinces nĂ©cessite d’importants moyens ainsi qu’une chute drastique de la consommation d’hydrocarbures.

Le prix du litre d’essence est fixĂ© par la loi Ă  un Ă©quivalent dinars de 1 dollar. Un tiers de ce prix est rĂ©trocĂ©dĂ© aux provinces productrices au prorata de leur production.

Dans le but de reconquĂ©rir et favoriser la renaissance des provinces ainsi que limiter l’utilisation des hydrocarbures, un deuxiĂšme tiers est affectĂ© Ă  des investissements dans la couverture internet trĂšs haut dĂ©bit dans le cadre d’un partenariat international avec plusieurs entreprises leader sur le marchĂ© (Ericson, NTT, Huawei, …), le tĂ©lĂ©travail dans des centres municipaux est encouragĂ© et un plan artisanat est lancĂ©. Ces mesures conjuguĂ©es favoriseront l’émergence rapide d’une Ă©conomie dĂ©centralisĂ©e, Ă©conome et Ă©galitaire car repartie Ă  l’ensemble du territoire tout en rĂ©duisant fortement l’usage des transports en commun.

Enfin, un dernier tiers sert Ă  financer le budget de l’état

La politique Ă©conomique ne consiste pas Ă  privatiser, au contraire, mais Ă  moderniser les entreprises publiques tout en facilitant l’investissement d’entreprises internationales sur la base de cahier des charges restrictifs en matiĂšre de respect de l’environnement, de droit des travailleurs dans l’entreprise, de durĂ©e de travail et de formation professionnelle. La contrepartie est la fin de la rĂšgle du 51/49. Le gouvernement se rĂ©serve de rĂ©trocĂ©der l’autorisation d’investir en cas de manquement au cahier des charges Ă  l’aide d’une procĂ©dure judiciaire.

Reconquérir le territoire

L’AlgĂ©rie adopte une politique rĂ©solument tournĂ©e vers l’ouverture tout en adoptant dĂšs le dĂ©part un trĂšs haut niveau d’exigence en matiĂšre sociale et environnementale.

Un des principes de la politique Ă©conomique est avant tout la satisfaction du marchĂ© intĂ©rieur dans le cadre d’une nouvelle politique de dĂ©veloppement basĂ©e sur la mise en valeur des ressources au niveau local dans le cadre confĂ©dĂ©ral. Ainsi, le repeuplement des zones rurales Ă©quipĂ©es d’infrastructures (eau, Ă©lectricitĂ©, internet trĂšs haut dĂ©bit, transports, marchĂ©s, artisanat) est encouragĂ©e.

L’état met fin Ă  la politique de sĂ©dentarisation des populations non sĂ©dentaires dans le sud et des partenariats sont encouragĂ©s pour mettre en valeur le patrimoine, les ressources et les savoirs faire des populations ainsi que leurs capacitĂ©s Ă  contribuer au dĂ©veloppement du pays et la mise en valeur de ses ressources.

Cette politique tournĂ©e vers l’investissement et la reconquĂȘte du territoire nĂ©cessite une rĂ©orientation des ressources. D’une nation asservie et infantilisĂ©e, abĂȘtie par la consommation de pacotilles importĂ©es Ă  bas coĂ»t de Chine ou d’ailleurs, nous retrouvons les traditions anciennes du travail Ă©conome et du commerce. L’agriculture saharienne, la construction traditionnelle, l’urbanisme traditionnel, tous adaptĂ©s au climat ainsi qu’à la sociabilitĂ© algĂ©rienne seront Ă©tudiĂ©s, promus et encouragĂ©s. C’est un dĂ©fi et une aventure fascinante pour la jeune gĂ©nĂ©ration d’architectes, d’urbanistes et d’agronomes.

L’électricitĂ© cesse d’ĂȘtre subventionnĂ©e dans le but franc et assumĂ© de rĂ©duire la consommation. L’alimentation cesse d’ĂȘtre subventionnĂ©e. Ces dĂ©cisions sont pondĂ©rĂ©es par la mise en place d’une allocation de revenu universel versĂ©e Ă  tous les algĂ©riens de façon dĂ©gressive en fonction des revenus ainsi que du nombre d’enfants. Cette mesure scellera le pacte constitutionnel en Ă©vitant le FMI ainsi que l’intrusion de puissances Ă©trangĂšres dans les affaires de l’AlgĂ©rie, principal hĂ©ritage des annĂ©es Bouteflika.

Une rĂ©elle rĂ©publique dĂ©mocratique doit dĂ©marrer dans une vĂ©ritĂ© sur la situation. Il n’y aura pas de prospĂ©ritĂ© sans mise Ă  niveau au dĂ©part. Les rĂ©formes radicales sont la marque d’une gĂ©nĂ©ration courageuse qui a dans le cƓur la certitude de vivre un moment crucial de l’histoire de son pays et d’accomplir des choix qui lui voudront dans le futur cette fiertĂ© de pouvoir dire « on l’a fait ».

PrĂ©parer l’AlgĂ©rie aux chocs Ă  venir

Les mesures Ă©conomiques, Ă  commencer par le prix des carburants et la fin des subventions sont Ă  l’opposĂ© du populisme et de la dĂ©bilitĂ© politique qui gagnent les anciennes puissances dĂ©veloppĂ©es aujourd’hui dĂ©clinantes. Elles sont indissociables du nouveau cadre institutionnel qu’elles scellent avec force. Ces mesures, encadrĂ©es par des institutions fortes et dĂ©mocratiques garantissent que l’effort ne sera pas vain puisque l’essentiel des leviers Ă©conomiques resteront la propriĂ©tĂ© des algĂ©riens qui en tireront progressivement des revenus.

GrĂące aux revenu universel, Ă  la gratuitĂ© rĂ©affirmĂ©e de la mĂ©decine et de l’Ă©ducation ainsi qu’aux investissement importants rendus possibles par le nouveau prix de l’essence la fin des subventions, les familles les plus pauvres verront leur situation s’amĂ©liorer nettement.
Il est clair en revanche que le segment moyen aura Ă  ajuster son mode de vie: ces mesures s’adressent Ă  l’intelligence de la classe moyenne qui, si des mesures courageuses ne sont pas prises afin de garantir un fort dĂ©veloppement Ă©conomique dans les annĂ©es Ă  venir, sera la premiĂšre Ă  ĂȘtre frappĂ©e par les ajustements structurels du FMI ainsi que les privatisations qui priveront l’état de revenus substantiels qu’une gestion intelligente, notamment dans l’énergie et le tourisme, nous permettront. La GrĂšce offre un exemple d’ajustement structurel subi dramatiquement pour la classe moyenne.

La démocratisation, outil du développement

La possibilitĂ© de crĂ©er des activitĂ©s Ă©conomiques, de dĂ©mĂ©nager dans une autre province et les investissements massifs fournissent les bases d’un projet excitant rĂ©solument ouvert vers l’avenir qui sont la contrepartie de l’effort transitoire que l’Ă©tat lui demandera de consentir tout en scellant le pacte constitutionnel.

Ce qui doit animer la population, c’est la fiertĂ© non pas de copier tel ou tel modĂšle de dĂ©veloppement, mais celle d’en crĂ©er un, le nĂŽtre, adaptĂ© Ă  notre rĂ©alitĂ©, ce qui correspond au rĂȘve des combattants de l’indĂ©pendance pour qui la libĂ©ration n’avait de sens que pour retrouver une totale maĂźtrise de notre destin.

Ces bouleversements interviendront alors que le pays aura à faire face au problÚme du stress hydrique, à la fin de la civilisation des hydrocarbures, à des crises migratoires majeures, à la déstabilisation et la dégénérescence des anciennes puissances économiques désormais engagées dans leur déclin, au réchauffement climatique, à la raréfaction des ressources.

En adoptant un modĂšle Ă©conome en utilisation des ressources, notamment par le renchĂ©rissement de l’essence, en favorisant le dĂ©veloppement local grĂące Ă  des institutions totalement dĂ©centralisĂ©es, en profitant au mieux des derniĂšres ressources qu’il nous reste pour franchir un saut quantitatif et qualitatif, en nous tournant vers le continent africain en misant sur le dĂ©veloppement autonome du sud, nous serons en mesure d’ouvrir une page inĂ©dite dans notre histoire tout en explorant les voies nouvelles de dĂ©veloppement qui dĂ©passeront le cadre stĂ©rile capitalisme-socialisme-islamisme hĂ©ritĂ© d’un monde qui disparaĂźt sous nos yeux.

CrĂ©er le nouveau modĂšle qui place la morale au cƓur

CrĂ©er, donc, une sociĂ©tĂ© oĂč les principes moraux (et donc l’islam) inspireront la morale et les comportements privĂ©s, oĂč le cadre rĂ©solument cosmopolite et confĂ©dĂ©ral des institutions remplacera le carcan de l’état nation jacobin qui brise notre sociĂ©tĂ© depuis 1832, oĂč le modĂšle de dĂ©veloppement ne sera pas Ă  l’extĂ©rieur mais en nous, dans une expĂ©rimentation au plus prĂšs de chaque citoyen, oĂč les dĂ©fis du 21Ăšme siĂšcles seront non pas des dĂ©fis insurmontables mais des opportunitĂ©s pour retrouver en nous les gestes anciens, Ă©conomes et solidaires.

Ceci est une contribution en attendant les vÎtres 

Il s’agit d’un texte politique inscrit dans le temps que nous traversons et destinĂ© Ă  donner un cap, une ambition pour les clinquantes prochaines annĂ©es, ce qui est la seule et vraie question posĂ©e par la crise politique, Ă©conomique, sociale que traverse notre pays.
Il est traversĂ© par l’amour, par toute l’ambition pour ce pays et pour notre peuple. Pas d’enjolivement ni de belles promesses futiles, mais un diagnostic fait le plus honnĂȘtement possible.

Vous pouvez ĂȘtre pour ou contre, et mĂȘme soyez pour ou soyez contre, l’heure est venu de dĂ©battre ainsi, de dessiner notre ambition collective pour les cinquante prochaines annĂ©es. Sans illusions, sans romantisme, Ă  partir de ce qui est et non ce que nous voudrions qu’il y ait, sans se voiler la face. Mais avec force, imagination, culture et, rĂ©pĂ©tons-le encore une fois: avec une ambition Ă  la hauteur des celles et ceux qui au travers de notre histoire ont donnĂ© leur vie pour notre libertĂ©.

Tahya Eldjazair

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Qu’ils dĂ©gagent, et les “initiatives” avec!

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