OCTOBRE 88 ET VOUS !?

1988, OCTOBRE. QUELS SONT VOS SOUVENIRS ? QUE FAISIEZ VOUS ? QU’EN PENSIEZ VOUS ? EST-CE UNE DATE IMPORTANTE ? SI VOUS N’ÉTIEZ PAS NÉS, QU’EN PENSEZ-VOUS ?

(1) – octobre 88… j’avais été « éloigné » d’Algérie par les autorités de ce pays et m’étais retrouvé dans la banlieue de Châteauroux, dans un 9m² de fortune, loin de mes amis algériens que j’avais dû quitter précipitamment, un an plus tôt que prévu. Et tous les jours j’écoutais la radio et, déjà, fulminais aux bêtises, stupidités et autres élucubrations diffusées par les médias français… J’étais jeune coopérant à Oran et aux premières émeutes, ai dû rentrer en France ! voilà, c’est tout, mais j’en garde une blessure. Suis revenu en Algérie en 1991 et puis, ensuite… il m’aura fallu attendre 15 ans pour retrouver quelques traces de ce que j’avais laissé. Y suis retourné la dernière fois en 2011 pour une tournée de conférences culturelle dans les « CCF », de Tlemcen à Constantine, le temps était pourri et il y avait rarement du chauffage dans les amphis des facs… bref, rien n’avait changé « dans un sens », enfin si : avant, je pouvais me déplacer librement, aller dans le désert, et là, il me fallait être accompagné par quelques militaires chargés de ma « sécurité » et quant au désert…

(2) – J’étais en classe, en quatrième année primaire. On a vu la maitresse discuter de troubles et on nous a mis en rang pour sortir. Mon père est venu avec un voisin nous chercher. il fallait faire le trajet à pied, aucun véhicule ne roulait… à un moment, on s’est retrouvé en face d’un militaire qui pointait son fusil sur nous en vociférant qu’il fallait changer de chemin… Le lendemain en nous réveillant il y avait un gros char d’asseau stationné en plein centre de ville; c’était impressionnant vu de la fenêtre de l’immeuble où nous habitions.

(3) – Octobre 88, j’ai le visage de Christine Ockrent en tête et le fait qu’on suivait les choses à la télé, vu que c’était en boucle sur toutes les chaines.  Je n’étais rien qu’un petit garçon blagueur. Je découvrais au journal télévisé du jour l’étendue du désastre algérien. Moi qui n’avais connu de ce pays que la douceur de l’été.
Je découvrais ébahi le scandale de l’injustice. Que pouvais je connaitre de la hogra ? Qui ne trouvait pas charmants ces enfants qui vendaient des bonbons et des cigarettes ? Cette misère pittoresque. Ils avaient mon âge les révolutionnaires.
Christine Ockrent dans le poste. Mon père enregistre tout. On parle de l’Algérie. Pas juste un entrefilet. Tout le journal. Des jours et des jours d’images de l’Algérie.
L’Algérie se réveille ? La démocratie enfin ? On va revenir ? On va revenir ? Pas encore.

(4) – Le 05 octobre 88 j’étais en terminal je préparais mon bac et j’étais dans la rue en cachette de mes parents ( rue didouche mourad à Alger !) et le soir on devait boucher les fenêtres pour éviter l’odeur et les effets des gazs lacrymogènes , mais tout le monde était aux balcons ou dehors, je me rappelle que ma soeur est rentrée en courant à la maison après avoir échapper à un lynchage en bonne et due forme par une meute de jeunes déchaînés….l’effet de masse? machisme ? pourquoi elle ?? j’ai aussi assister en direct live au saccage de souks el fellah de la rue Volta( ancêtre du super marché version très sovieto-socialiste de l’époque) …; puis bien des choses, biens des drames… Un événement comme celui d’octobre est une partie essentielle dans l’aide à la compréhension de l’Algérie actuelle, un printemps arabe avant l’heure même si je n’aime pas trop cette appellation printemps arabe, octobre 88 est une tragédie. on doit un mot d’explication à toutes celles et ceux qui ont perdu un être cher dans ce maelström , on doit pouvoir chacun à sa mesure, selon ses propres mots, ses moyens participer à mettre des mots la dessus pour qu’un semblant d’apaisement ait lieu, pour faire le deuil de ce qui était et qui n’est plus, pour qu’on apprenne à mieux enterrer nos morts, et pouvoir avancer dans la vie, le regard clair et les épaules légères, on nous doit bien ça et surtout surtout rester vigilant, l’histoire est pagayeuse et se répète parfois plus vite et plus violemment que l’on peut s’imaginer.

(5) – Jai vu les gens ce battre dans les rues, les gens crier leur douleurs et l’insatisfaction contre l’état … Les gens que me suppliait de les emmener avec moi Einstein France.. J’avais 18 ans et je ne comprenais pu ce qu’il ce passait . J’avoue …

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