L’Algérie tire sur ses enfants

En rentrant du travail, je découvre les images de cette journée du 5 Octobre 88, stupéfaite, à la télévision ! J’étais absorbée par mon quotidien de maman et peu d’informations sur l’Algérie en général…
Mais là… il se passe quelque chose… de grave ! C’est nouveau pour moi, depuis le Printemps Berbère en 1980.

J’écoute l’ambassadeur d’Algérie en France qui dit « l’Algérie est en train de vivre une crise de jeunesse, une crise de croissance… » Il explique que c’est la crise pétrolière qui se répercute sur l’Algérie.
Un état de siège et la banalisation des faits me révolte. Rétablir l’ordre, voici le message.
Les images et les témoignages ! Je ne saisis pas tout de suite l’importance de cette révolte, il n’y avait que des retours positifs sur cette Algérie jusqu’à présent.
La télé algérienne parle de vandalisme, de fauteurs de trouble et la manipulation par une main étrangère.
Je parcours les journaux, je cherche l’info, je cherche à comprendre.

Pourquoi Alger brûle ? La jeunesse algérienne en révolte, les grèves, le coût de la vie, la crise du logement ! On découvre le vrai visage de l’Algérie. Une crise économique sans précédent !

L’armée tire sur la jeunesse, sur les manifestants ! L’Algérie tue ses enfants, désoeuvrés, ils incendient les édifices publics, symbôles de l’Etat, ils demandent la parole, ils veulent vivre décemment tout simplement !
Un rassemblement à l’Université parle de démocratie quelques jours après les émeutes, et je vois Isabelle Adjani intervenir ! Elle parle de démocratie… Mais la démocratie n’existait pas en Algérie ? Je découvre Redouane Osmane, un grand meneur, je découvre mon Algérie rebelle !

L’Algérie s’embrase ! Ses enfants hurlent leur détresse ! Les reconnait-elle ? Non, elle leur tire dessus ! On compte les morts dans chaque ville ! Les cimetières deviennent les lieux de rendez-vous et les intégristes entrent dans la brèche !

Plus tard, quand les informations nous sont arrivées, quand les journalistes ont fait des reportages, quand les manifestations sont organisées malgré l’état de siège, on découvre que le nombre de morts avoisine les 600 victimes, et combien d’autres sont infirmes aujourd’hui ?

Finalement le « procès d’Octobre 88 » n’a jamais eu lieu et ne dit-on pas que sans justice, on ne fait jamais le deuil ?

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